Montana
La région ouest, marquée par un environnement résolument montagnard, est absolument splendide, offrant un choix inégalé d’aventures en plein air que ce soit pour quelques heures ou lors de véritables expéditions que ce soit à cheval lors d’une simple balade, d’un séjour en ranch ou d’un cattle drive, en raft, en canoë ou à pied. On peut même se laisser tenter par l’accrobranche, le ski ou la motoneige.
La plupart de ses localités semées sur le Continental Divide entretiennent pieusement l’héritage de la Conquête de l’Ouest. Partout, on sent l’intensité du « struggle for life », entre ruées vers l’or, causes ouvrières, vie des mineurs, luttes pour le pouvoir ou la fortune en contemplant les villes actuelles souvent pimpantes ou les villes fantômes illustrant la vanité humaine.
Helena la capitale actuelle née de la ruée vers l’or sur le Last Chance Gulch en 1864 toujours dominé par son vieux mirador de 1876, est fière de son capitole, de sa cathédrale et de ses vieux quartiers animés par de nombreuses manifestations artistiques et concerts en plein air. Un peu au nord, on s’offrira une balade en bateau aux Gates of the Mountains pour se mettre dans la peau de Lewis et Clark dans un cadre majestueux.
A Missoula, au pied du Lolo Pass traversé par Lewis et Clark lors de leur incroyable périple puis l’anglais David Thompson en 1812, on écumera les bars fréquentés par de nombreux écrivains comme Jim Harrison (auteur de « Légendes d’automne » adapté au cinéma avec Anthony Hopkins et Brad Pitt) ou les regrettés James Crumley et James Welch, piliers de l’école de Missoula, tout comme William Kittredge ou Rick Bass. Ce Saint-Germain (ou Montparnasse comme l’a écrit le new York Times…) on ne peut plus western* et estudiantin reste heureusement brut de décoffrage.
La ville dont est natif David Lynch entretient amoureusement la Daly Mansion, orgueilleuse résidence victorienne du baron du cuivre, mais aussi plusieurs structures de Fort Missoula abritant divers musées.
Le Smokejumper Visitor Center met en valeur le dévouement et l’expertise des pompiers-parachutistes sollicités chaque été dans toute la région.
Butte, avec son centre-ville resté dans son jus des années 1880-1920 est plus vaste Historic Landmark District du pays. Elle a inspiré Dashiel Hammett pour « La Moisson Rouge », le premier vrai roman « noir » et longtemps après Wim Wenders pour son « Don’t come knockin’ ». Elle reste marquée par l’histoire des mines de cuivre avec ses puits de mine hérissant ses collines, la plaie géante du Berkeley Pit ou ses musées parfois insolites (ne manquez pas le speakeasy souterrain datant de la prohibition) tout comme Anaconda sa voisine toujours dominée par la gigantesque cheminée de sa fonderie. Le Grant-Kohrs Ranch National Historic Site, évocation frappante de la vie des grands ranchs au XIXe siècle, se trouve environ 40 miles au sud à Deer Lodge, également site du pénitencier territorial à l’histoire fascinante.
C’est aussi dans l’ouest de l’état que se trouvent quelques unes des plus belles villes fantômes de l’ouest comme Elkhorn, Gannet, Bannack, menacée par les Nez-Percés, ou Virginia City, l’ancienne capitale du territoire, terminus septentrional de la sanglante piste Bozeman, presque entièrement classée et vivant dans le souvenir des expéditifs « Vigilantes » commE sa voisine Nevada City.
Le National Bison Range peuplé de bisons et d’antilopes, ou la mission jésuite de St Ignatius près de Polson sur la réserve indienne des Flathead, sont autant d’escales intéressantes en direction du Flathead Lake où se pratiquent quantités d’activités nautiques.
Kalispell a su entretenir son charme de la période western illustrée par la Conrad Mansion, demeure victorienne de 1895. C’est une station animée, tendance chic, avec ses galeries et ses magasins d’antiquités.
Whitefish, 17 miles au nord, égayée par le passage des trains devant l’historique dépôt de 1927 construit par le Great Northern Railway et les bars de Central Avenue, sise au bord du lac homonyme avec golf et station de ski à proximité, est plus sportive. Toutes deux sont d’excellentes bases pour explorer la partie ouest de Glacier National Park si l’on souhaite un peu d’animation et d’activités.
Car une fois dans le parc, tout est essentiellement orienté nature et rando même si l’on se laisse tenter par les magnifiques lodges historiques construits dans les années 1910-1914 pour les touristes du Northern Pacific Railroad, qui jalonnent le parc tout de rondins vêtus de part et d’autre du Logan Pass (interdit aux grands motorhomes), depuis celui du Lake Mac Donald, en passant par le grandiose Glacier Park Lodge d’East Glacier et jusqu’à Many Glacier achevé en 1914 dans un site somptueux au bord du Swiftcurrent Lake.
Ici même les bus White à la livrée au rouge éclatante restaurés dans leur splendeur des années trente sont classés monument historiques. Ils sont l’une des icônes du parc au même titre que les chèvres des montagnes à la fourrure immaculée.
De là on peut même se laisser tenter par un crochet à Waterton Lakes National Park côté canadien, encore un site splendide avec l’antique hôtel Prince de Galles dominant une enfilade de lacs dans un cadre de montagne inouï. Si vous êtes tenté par une immersion en pleine nature avec quelques jours de rando en sac à dos ou à cheval, le sauvage Bob Marshall Wilderness contigu au sud du parc est un immense terrain d’aventures propice aux rencontres animalières.
Une fois sur le flanc est du parc, on pourra rejoindre Browning, « capitale » de la réserve des Blackfeet (musée) et Great Falls que Lewis et Clark auraient du mal à reconnaître avec son barrage domestiquant le Missouri. Le Lewis & Clark National Historic Trail Interpretive Center est un passionnant hommage à leur expédition qui passa 32 jours ici même. Autre grand homme célébré à Great Falls, le peintre et sculpteur Charlie Russell au superbe C.M. Russell Museum Complex, une véritable institution à la mesure de son œuvre, fondamentale dans la propagation des mythes western, l’artiste ayant vécu aussi bien la période de la conquête que la fin de la « frontière ».
* Les passionnés ne manqueront pas de lire avant de partir la contribution de Patrick Raynal, dans “Missoula”, in “Etonnants voyageurs, une anthologie des écrivains de Gulliver”, présenté par Michel Le Bris, Flammarion.